Le manque de neige en moyenne montagne durant tout l’hiver 2024 a exacerbé les critiques envers le ski en général qui est désormais considéré comme nuisible pour l’environnement. Ces critiques qui visent essentiellement les stations de ski ne font pas toujours la distinction entre les différentes pratiques sportives et de nombreux comportements individuels : ski de piste, ski de randonnée, alpin ou nordique, loisir ou compétition, accès en voiture, en transport en commun ou à vélo, etc. Plus que jamais et avant de clouer au pilori une activité relativement jeune dans la vallée de Chamonix comparée à l’alpinisme, il est intéressant de reposer la question de l’impact sur le climat de l’utilisation des installations de remontées mécaniques pour une utilisation hors-piste ou en ski de randonnée en faisant abstraction de la fabrication de la neige artificielle et du damage des pistes de ski alpin et nordique.
Les remontées mécaniques : des émissions de GES faibles comparées au reste du système économique de la montagne
La Compagnie du Mont-Blanc qui exploite les remontées mécaniques dans la vallée de Chamonix publie sur son site internet quelques chiffres sur les émissions des gaz à effet de serre GES des remontées mécaniques.
Les quantités de GES prises en compte sont celles émises lors du fonctionnement des moyens de transport et celles provenant de la phase amont de production des sources d’énergie (raffinage, transport, distribution, etc.).
Émissions de GES des remontées mécaniques par passage ou trajet :
Aiguille du Midi : 97 gCO2e/passage soit environ 0,42 km en voiture*
Brévent – Flégère : 23 gCO2e/passage soit environ 0,10 km en voiture*
Grands Montets : 46 gCO2e/passage, soit environ 0,20 km en voiture*
Télécabine de la Mer de Glace : 23 gCO2e/passage soit environ 0,10 km en voiture*
Train du Montenvers : 57 gCO2e/trajet soit environ 0,25 km en voiture*
Tramway du Mont-Blanc : 153 gCO2e/trajet, soit environ 0,66 km en voiture*
* Base Carbone® (ADEME), motorisation moyenne 2018
Ces chiffres permettent de donner un ordre de grandeur entre les émissions de GES des remontées mécaniques et les émissions de GES des autres activités humaines de la vallée de Chamonix : transport routier et ferroviaire, construction et chauffage des logements, consommation de biens et de services, alimentation, etc. Le lecteur pourra se faire une idée des ordres de grandeur des émissions de GES des différentes activités humaines en consultant l’article sur le calcul du bilan carbone personnel.
Il est intéressant de se replonger dans l’histoire du ski à Chamonix pour se rendre compte que le ski de randonnée (alpin) a été introduit dans la vallée de Chamonix dès 1902 bien avant l’arrivée des premières remontées mécaniques et des premières pistes de ski alpin en 1924. C’est peut-être la preuve qu’un ski pas ou faiblement carboné est possible en montagne au 21ème siècle avec ou sans remontées mécaniques.